La chapelle du Sacré-Cœur de l’église (la 3e en entrant à droite) comporte un double intérêt culturel par son architecture, et cultuel par sa dévotion. Le style néogothique, en vogue au milieu du XIXe siècle, marque la redécouverte du Moyen Âge. Le Sacré-Cœur de Jésus relie la chapelle à saint Claude La Colombière, Jésuite et prédicateur, né à Saint-Symphorien-d’Ozon (1641-1682).

Le constat d’état est sans appel. L’autel, affaissé, menace de s’effondrer en 2019. La pierre calcaire marbrière de Cruas est devenue sombre, terne. Des chapiteaux sur les colonnettes ont disparu, victimes d’accidents. Les goujons en fer raccordant les sculptures supérieures de l’autel, rouillés, ont gonflé et fait éclater la pierre du gable central et des fleurons latéraux, ôtant les plus beaux ornements.

La pierre a été démontée, transférée en atelier pour être nettoyée et dessalée de toute l’acidité emmagasinée, remontant du sol. Les différents blocs ont été  isolés du sol et des murs par une feuille de plomb. La partie supérieure est soutenue par un matériau pérenne en inox. Le plâtre scellant les pierres à l’intérieur a été remplacé par un collage en résine.

Les manques sculptés ont été comblés et moulurés en terre cuite, mélange d’argile cuit à 90° et coloré dans le ton de la pierre d’origine. Le fleuron central a bénéficié d’une découverte surprenante. Le modèle a été retrouvé un peu miraculeusement par le restaurateur sous ses pieds. Quelques centimètres plus haut, il aurait pu partir dans les gravas évacués. Quelques centimètres plus bas, il serait resté introuvable.

La porte du tabernacle (1), encrassée, souffre d’une importante corrosion. Une croix surmonte un cœur sur une nuée, dans l’esprit d’un émail médiéval. Sa mauvaise conservation provient de l’interaction du fer et du cuivre favorisée par l’humidité et la dégradation des revêtements peints.

La chapelle a été réorganisée. La plaque dédicatoire du curé Molle de 1865, retrouvée cassée dans l’autel, a été reconstituée. Le tableau du Sacré-Cœur, peint la même année (1865), a repris sa place initiale au-dessus de l’autel. Les couleurs bleu et rouge de la porte du tabernacle et de la toile s’harmonisent. La statue de saint Claude La Colombière de 1937 a repris place sur un support similaire à celui d’origine par son décor et ses dimensions. Symboliquement, saint Claude La Colombière présentant le Sacré-Cœur fait face au Christ peint montrant son cœur aux fidèles.

(1) lieu renfermant les hosties pour les messes célébrées dans cet autel secondaire

Une opération de 25 846 € HT dont 10 450 € de l’État pour la partie protégée au titre des Monuments historiques.